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Test du Sigma 20 mm f/1.8 EX DG Asphérical RF



Sigma 20 mm f/1.8 EX DG Asphérical RF


Intro

Dans ma longue recherche d'un objectif grand angle, c'est le Sigma 20mm f/1.8 EX DG Asphérical RF que je vais tester dans cet article. Ce n'est pas un objectif très courant, ni un objectif très réputé. C'est un objectif qui n'a pas loin de 15 ans de conception, pourtant, comme vous allez le voir, il ne manque pas, à mes yeux, de qualités. Il a également pas mal de défauts... Une fois de plus mon regard et ma pratique vont poser un regard bien différent des testeurs habituels sur ce petit objectif, à priori sans prétention, qui a trouvé sa place dans mon sac.

Mon avis sur les caractéristiques technique

Au niveau physique, il s'agit là d'un objectif relativement imposant. Toutefois, ce n'est pas le plus encombrant de mon parc. Sur les chiffres bruts, il apparait très cubique (87mm par 88mm). Toutefois, il est conique et semble plus fin que long. Ce qui est plus embêtant, c'est le diamètre du pare-soleil qui prolonge le cône  et donne (en position repliée) un volume requis dans le sac bien trop important pour moi. C'est pourquoi, le pare-soleil reste à la maison. Ainsi les photos présentées ici ont toutes été faites sans pare-soleil.

Reste le poids : il est très contenu avec seulement 520g. Là on est dans une bonne moyenne. Il est proche des 475g du Canon 17-40 f/4 L USM  ( test à lire ici ) et bien plus léger que les 950g du Tokina AT-X PRO FX SD 16-28 mm f/2.8 (IF) ( test à lire ici ).

 

Vous pouvez retrouver toutes les caractéristiques chez LensTip :

Sigma 20mm f/1.8 EX DG Asphérical RF

 

 

La focale :  20mm, c'est un grand angle que l'on peut qualifier de moyen avec un angle de vue (en diagonale) de 94°. Pour comparer, prenons le cas Tokina 16-28, il propose un champ de vision allant de 75° à 107°. On est donc bien dans l'utilisation moyenne des zooms grand-angle  (Un objectif standard tourne aux alentours de 55°). Bien entendu, on n'a pas ici le plus grand angle possible, mais d'un autre côté entre un 35mm et un fisheye, dans la pratique, je trouve cette focale extrêmement bien adaptée à mes besoins.

 

L'ouverture :  f/1,8 c'est une très grande ouverture qui permet de travailler dans de faibles conditions de lumière. Dans la réalité, le piqué est quand même très en retrait à pleine ouverture, sans parler du vignetage très important... Du coup, on privilégiera des ouvertures de f/2.8 et même un peu plus jusqu'à f/8. D'un autre côté, il  ne faut pas négliger non plus la profondeur de champ, qui, même à 20mm, impose de fermer un peu. Par contre cette grande ouverture va donner la très grande liberté créative dont tous les photographes avertis aiment disposer.

 

L'autofocus :  Sur ce vieil objectif, pas de motorisation ultrasonique, mais un bon vieux moteur pas à pas. Toutefois, c'est une surprise, il se comporte plutôt bien. Il est certes un peu lent et très bruyant, mais il accroche super bien et je le trouve très précis. Il est bien meilleur que le Tokina 16-28 (mais ce n'est pas une surprise !) mais également très différent du Sigma 50mm f/2.8  Ex DG macro  ( test à lire ici ).  Sigma a par contre doté cet objectif d'une bague de mise au point permettant la déconnexion de l'autofocus (en la poussant vers l'avant de l'objectif)  en plus  de l'habituel bouton AF/MF. Ainsi, quand on pousse la bague de mise au point, elle devient libre. En mode AF, elle ne tourne pas pendant la mise au point, en mode MF, on ne peut pas faire la mise au point (sic !). Cela ne doit pas servir très souvent, mais on peut ainsi bloquer la mise au point sans aucune perturbation possible. Quand la bague est engagée, la bague tourne avec la mise au point en mode AF (peu agréable)  et vous permet la mise au point manuelle en mode MF. Bref, vous avez 4 combinaisons possibles, et parfois, on tripote un peu avant d'être dans le mode choisi...

 

La distance mini de mise au point :  20cm. C'est très peu, et c'est tant mieux ! On est au niveau des objectifs macro. On va pouvoir approcher la lentille frontale à quelques cm du sujet. Du fait de la courte focale, le rapport de grossissement n'est que finalement que de 1:4, donc cette fois bien loin du mode macro (rapport 1:1). Toutefois, cette distance mini alliée à la grande ouverture ouvre le champs des possibles. Peu de limitations techniques au moment de faire sa photo. Ça c'est royal !

 

La stabilisation :  Bien entendu, pas de stabilisation. A l'époque de sa création, Sigma ne maitrisait pas cette technologie, et même aujourd'hui Sigma n'installe pas de stabilisation sur ses focales fixes (hormis les macro). C'est la grande ouverture qui pourra, dans certaines conditions, palier à ce manque. D'autre part, à 20mm, les flous de bougé sont quand même très réduits.

 

Mon avis sur la qualité optique

En ce qui concerne le piqué de cet objectif, on trouve un peu tous les avis sur les sites de tests ou sur les forums. Globalement, sur Photozone, la qualité est considérée comme très faible à pleine ouverture mais décente en fermant un peu. En ce qui concerne la pleine ouverture, on est tous d'accord, le piqué est très moyen. Ceci étant, cela reste exploitable quand les conditions le nécessitent. On est tous d'accord également sur le fait que les coins de l'image présentent un piqué très en retrait par rapport au centre, mais cela n'est pas spécifique à cet objectif, c'est toujours le cas. Comme on peut le voir sur les photos de test ci-dessous, le piqué dans les coins s'améliore en fermant le diaphragme. Pour le piqué au centre, les avis divergent. Beaucoup le trouve mou, mais on peut se demander si ils ne restent pas sur l'impression donnée à pleine ouverture. D'autres, dont je fais partie, trouvent le piqué excellent au centre.

 

Ci dessous, les images tests permettant de se faire une idée du rendu photographique. Sur les Crop 100%, on se donnera une idée plus précise de l'évolution du piqué en fonction de l'ouverture. On peut remarquer aussi que à f/11, le piqué se dégrade déjà à cause des phénomènes de diffraction. Il est évident avec ces crops que le piqué n'est pas au meilleur niveau possible. Pourtant, le rendu des photos est vraiment très bon. La réalité, c'est aussi que la notion de netteté n'est pas lié uniquement à la capacité à rendre net des zones précises à 100%. Bref, n'hésitez pas à prendre en compte les photos réelles que je fais avec et dont vous trouverez des exemples à la fin de l'article.

 

Sur un grand angle, il faut aussi s'inquiéter des déformations. Les photos test ne sont pas corrigées et l'on peut voir que les déformations sont très faibles. C'est un très bon point pour ce Sigma. Le test de Photozone (dont vous trouverez le lien en fin de page) confirme cela avec seulement 1,43% de distorsion, ce chiffre étant comparable à ceux obtenus par les très bons Canon 17-40 et Tokina 16-28.

Parlons vignetage. Là encore, la pleine ouverture montre les limites de l'objectif ! A partir de f/2.8, cela devient moins flagrant et à f/4, c'est quasi indécelable.

Le bokeh est lié à la focale, la distance de mise au point et l'ouverture. Ici deux des facteurs sont très bons, on a donc un bokeh maximum très impressionnant. C'est au photographe de jouer avec cette possibilité. Bien entendu, on ne va pas pousser cet effet à son paroxysme très souvent, mais c'est toujours  confortable de savoir qu'on a l'outil si l'envie nous en prend. Ci dessous, une photo prise en visite, en conditions réelles.

Mon avis sur le terrain

Sur le terrain, cet objectif est finalement très agréable à utiliser. Fonctionnant aujourd'hui essentiellement avec des focales fixes, ce 20mm trouve toute son utilité dans bon nombre de situations. Bien entendu, en premier lieu, on pense aux paysages et on peut en faire de très beaux. Attention toutefois à avoir de beaux avant-plans car en grand angle, l'image devient vite banale et sans relief. Ci dessous un paysage pris sur le col de l'Izeran au dessus de Val d'Isère.
www.beanico-photo.fr - Canon 5DIII - Sigma Ex 20mm - f/8 1/500 ISO100 - Val d'Isère

 

Mais c'est aussi un objectif indispensable quand on manque de recul pour embrasser la totalité d'un sujet. Ici le Palazzo Publico de Sienne ( voir le reportage sur Sienne ici )

www.beanico-photo.fr - Canon 5DIII - Sigma Ex 20mm - f/4.0 1/3000 ISO400 - Sienne - Palazzo Publico

 

Mais là où il se révèle un compagnon fidèle et où l'attend moins, c'est lors des visites de musées. On est de plus en plus souvent obligé de laisser le sac photo à l'entrée des musées. Dans ces conditions, je garde 2 focales avec moi, le 20mm et un 90mm macro. Avec ces deux objectifs, je parviens à rendre compte de la plupart des situations. Ici une vue au 20mm dans le Muséo del Duomo à Florence ( voir le reportage complet ici ).

www.beanico-photo.fr - Canon 5DIII - Sigma Ex 20mm - f/8 1/45 ISO6400 - Florence - Muséo del Duomo

 

Bref, sur le terrain, c'est un très bon compagnon, pas trop lourd dans le sac. Souvent, au début, je trouvais son autofocus peu sympathique par habitude. Il fait du bruit, il n'est pas super rapide et la bague de mise au point tourne pendant la mise au point selon le réglage des options choisies. Pourtant, à l'usage, on le met rarement en défaut. Quand j'ai eu dans les mains d'autres grands angles, aucun ne m'a donné autant satisfaction sur ce point. Le Tokina a un autofocus qui n'accroche pas en faible lumière, le Canon 16-35 f/4, malgré son Usm rate souvent la mise au point également (peut-être à cause de la faible ouverture). Finalement, seul le Canon 17-40 f/4 faisait aussi bien voire mieux, mais c'est la qualité globale de l'image qui était en retrait...

Ma conclusion

Comme vous l'aurez compris, cet objectif m'a séduit. Il n'est pourtant pas le meilleur. D'autres ont un meilleur piqué (le Canon 16-35 f/4 L USM IS dont le test est en préparation), d'autres ont plus de souplesse (les zooms), et certains ont la stabilisation. Le soucis, c'est que tous ces objectifs ont des défauts (le prix, le poids, l'autofocus, l'ouverture...). A l'arrivée, cela fait maintenant plusieurs mois qu'il est dans mon sac et c'est devenu l'un de mes objectifs préférés. Il n'y a pas de raison totalement objective à cela. En fait je trouve que les photos qu'il me donne ont un rendu particulier, avec une personnalité, une profondeur que je n'ai pas retrouvée sur les autres grand-angles essayés. Il n'est pourtant pas parfait... Sigma a sorti dernièrement une version très améliorée de son 20mm, le Sigma 20mm f/1.4 Art. Pour l'instant, il souffre de plusieurs défauts : il fait le double en poids et le prix est de près de 1000 € en neuf et on peine à en trouver à moins de 800 € en occasion... Face aux 350 € du vieux modèle,  mon choix est allé vers le raisonnable...
Donc, si les focales fixes ne sont pas un frein pour vous (il serait dommage de le penser, on le pense tous au début, et pourtant...) et si vous en trouvez un pas trop cher, ce petit Sigma est un bien meilleur choix que les tests bruts que l'on trouve sur le net ne le laissent présager.... D'ailleurs, sur les forums, il y a souvent bataille entre les avis, et je ne suis pas le seul à le trouver très digne d'être dans mon sac, et ce malgré les données chiffrées des tests les plus sérieux !
mise à jour : depuis fin 2018, le Tamron 17-35mm F/2.8-4 Di OSD (Model A037) (test à lire ici) est sorti. Il est bien meilleur que ce Sigma pour un prix et un encombrement très flatteur. Vous pouvez comparer ces deux objectifs dans le test qui lui est consacré. Du coup, il a remplacé le Sigma dans mon sac !

Quelques photos prises avec le Sigma 20 mm f/1.8 EX DG Asphérical RF

Retrouvez les tests complets des autres sites sur cet objectif :

 

Le Sigma 20 mm f/1.8 EX DG Asphérical RF :

testé chez Photozone

(les autres sites habituels ne proposent pas de tests sur lui...)



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