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Test du Canon EOS 5D Mark III

Boitier Canon EOS 5D Mark III


Intro

Il s'agit pour ce test, d'un boitier déjà devenu mythique. Certes, il n'est pas en haut de la gamme Canon, mais bon nombre de passionnés de photos aimeraient bien l'avoir dans leur sac... Officiellement, il ne s'agit pas encore de la gamme professionnelle de chez Canon, mais là encore un grand nombre de photographes pro l'utilisent au quotidien. En ce qui me concerne, c'est le deuxième appareil Full Frame que j'ai acquis. Et autant le dire de suite, il me sera impossible de revenir en arrière... Ce boitier a désormais un successeur, le 5D Mark IV (test à lire ici), mais son prix de lancement à plus de 3000 € n'a pas eu d'effet sur le prix en occasion du 5D III. Cela reste donc un achat important et avec un peu de patience, on peut parfois en dénicher un propre à moins de 1300 €.

 

Ce n'est donc pas par ce boitier que je conseillerai de débuter la photo numérique de type réflex. Il est gros, il est lourd et pour en tirer parti, il faudra se passer des automatismes auxquels on est parfois habitué avec les autres gammes d'appareils. Mais il n'y a pas à dire, on touche quand même ici à la qualité de photo des professionnels ! Alors lisez la suite de cet article pour vous donner un avis sur votre envie et votre besoin d'un tel objet...

Mon avis sur les caractéristiques techniques

La liste des caractéristiques d'un boitier reflex est forcément longue... Alors vous la trouverez dans le lien ci-dessous.  Globalement, il s'agit d'un appareil gros (mais on s'y fait) et de près d'1kg tout de même !

 

Vous pouvez retrouver ici toutes les caractéristiques : Canon Eos 5D Mark III

 

Dans tous ces chiffres, quelques uns sont plus importants que d'autres quand il s'agit de l'utilisation et de l'exploitation d'un tel boitier. Nous allons essayer de les faire ressortir et de laisser de côté certaines caractéristiques qui ne distingueront pas l'EOS 5D III des autres boitiers et bien que souvent, les constructeurs les mettent en avant... C'est ici que l'expérience joue un rôle important.

 

Le nombre de pixels :  22 millions, voilà c'est dit, c'est plus que suffisant et la course à ce chiffre se fait souvent au détriment de la qualité  des images obtenues. Alors certes, l'EOS 5Ds propose un capteur à 50 millions de pixels, mais la taille des photo-sites  devient proche de celle des capteurs APS-C, et on finit pas en retrouver quelques défauts ! Sachez que 6 millions de pixels suffisent pour imprimer une photo de très bonne qualité en A4 et 12 millions pour un A3... Donc de nos jours, on ne choisit pas un boitier sur ce critère ! Par contre, quand il s'agit de recadrer une image, le nombre de pixels d'origine est plus important et les 22 millions sont bien appréciables !

 

L'autofocus :  il s'agit là de l'une des caractéristiques les plus importantes de l'appareil car presque toutes les photos y recourreront ! Le 5DIII est plutôt bien doté et fait référence en la matière. 61 collimateurs dont 41 croisés et 5 double croisés. Si l'on compare à un boitier comme l'EOS 100D (9 collimateurs dont 1 croisé), on sent bien que la technologie n'est pas la même !

 

Les 61 collimateurs du 5DIII
Viseur du Canon EOS 5D Mark III

Ainsi, le boitier va avoir une plage importante de détection pour faire la mise au point. A l'arrivée, beaucoup moins de perte et moins de risque de rater LA photo que justement, il ne fallait pas rater ! A l'usage, on ne peste pas et même en faible lumière, la mise au point est franche et précise. Il s'agit là à n'en pas douter d'un atout primordial du 5DIII sur ces compagnons de la gamme EOS. Dans les appareils moins chers, seul l'EOS 7D Mark II (APS-C) peut rivaliser.

 

Mais il y a un autre point important qui est souvent passé au second plan concernant l'autofocus d'un boitier. Il s'agit des modes d'utilisation de ces collimateurs. Pour moi, plusieurs boitiers ne m'ont pas satisfaits à cause de ce "petit" détail. En fait, Canon décide souvent de ne pas implanter certaines options sur les boitiers de la gamme en dessous pour bien discriminer les différents positionnement de prix... Ainsi, sur le 5DIII, 6 modes de sélections sont possibles, sur un 80D seuls 4 de ces modes sont proposés. Et c'est bien là le hic pour mon usage, car j'utilise principalement (90% du temps) le mode "mesure AF spot" qui consiste à faire la mise au point sur une zone extrêmement réduite du collimateur. Je travaille avec ce mode car je maitrise au mieux et de façon très précise le point où je souhaite avoir la mise au point. C'est particulièrement flagrant quand il s'agit de faire le point sur une herbe qui dépasse du paysage, mais également en portrait où je peux véritablement viser le coin de l'oeil et être sûr que le collimateur n'a pas accroché les sourcils à la place. Bref, en ce qui me concerne, un système autofocus qui ne me propose pas ce mode ne me permet pas le même taux de réussite ni même la même créativité.

 

La visée sur écran est moyenne, loin des nouveaux standards, mais cela est lié à l'âge du 5DIII. En fait je ne l'utilise quasiment jamais. Je suis un vieux photographe qui aime bien son viseur optique... Ceci étant, quand il s'agit de prendre une photo à bout de bras, c'est bien utile quand même !

 

Les micro-réglages : Le 5DIII vous offre la possibilité d'affiner la mise au point, objectif par objectif. Vous trouverez beaucoup d'avis de gens bien-pensants vous expliquant que si vous avez besoin d'utiliser un tel réglage c'est que c'est votre objectif qui a besoin d'être changé ou réglé par le constructeur. C'est d'ailleurs un grand reproche qui a souvent été fait à Sigma dont les back/front focus ont souvent été rapportés. Ceci étant, quand on achète sur le marché de l'occasion, on ne se retourne pas aussi facilement vers le SAV, la fonction de micro-réglage est donc souvent indispensable. D'autre part, je m'aperçois que souvent j'ai tendance à décaler de 5 sur 20 le micro-réglage vers le fond, cela correspondant certainement à une façon de viser (avec le mode AF Spot) qui m'est propre. Sur le 5DIII, vous pouvez faire un réglage pour une focale fixe et deux pour un zoom (courte focale et longue focale). A noter que les nouveaux objectifs chez Sigma et Tamron disposent d'un dock USB permettant également d'effectuer ces réglages et de manière plus complète.

 

Le viseur :  Voilà encore un point important, vous allez prendre la majorité de vos photos à travers ce viseur optique. Sur le 5DIII, il couvre 100% de l'image prise. Cela veut dire que ce que vous voyez dans votre viseur sera votre photo. Cela ne parait pas, mais un viseur à 98% génère régulièrement des photos à recadrer (croyez en mon expérience). La luminosité est bonne pour l'image, mais les prises de vues au soleil rendent parfois la lecture des informations très difficile. Concernant les informations dans le viseur, c'est plutôt complet, même si je préfère le viseur du 7D mark II (plus récent).  A noter également que ce viseur lumineux et précis est responsable du fait qu'il n' y a pas de flash intégré. Le pentaprisme qui renvoie la lumière sur le viseur en occupe la place...

 

Les commandes :  C'est du Canon et on a vite fait de s'y habituer. L'ergonomie est homogène sur tous les boitiers et le 5DIII s'appréhende aisément. A noter la présence du petit Joystick à l'arrière sous le pouce. Canon ne l'intègre plus sur les gammes du dessous (à part le 7D mark II), et pourtant, quand on y est habitué, il manque cruellement à l'usage !

 

L'écran :  Il est de bonne qualité, mais je trouve qu'il prend aisément les rayures avec les frottements dans le sac ou quand il est autour du cou. A noter, l'âge du 5DIII implique également qu'il n'est pas tactile. Le côté orientable de l'écran est toujours sujet à caution en terme de solidité, Canon a donc choisi de ne pas équiper ses boitiers experts de ce système.

 

Le processeur d'image et la gestion du bruit : Le processeur est un Digic 5+. Il est assez rapide pour l'affichage et la gestion du bruit est exceptionnelle par rapport à tout ce que j'ai pu tester auparavant. En fait sur les photos prises en Iso-6400, après un dématriçage du fichier Raw (j'aime bien DXO pour cela), le bruit est quasiment imperceptible (voir les photos ci-dessous). Au final, je ne fais plus de photos au flash depuis que j'ai le 5DIII !

 

La batterie : LP-E6, elle équipe une grande partie des boitiers experts EOS. Canon annonce environ 950 prises de vues avec une charge, on ne doit pas en être loin ! Donc pour l'autonomie, c'est parfait.

Quelques exemples montrant l'excellente gestion du bruit du Canon EOS 5D Mark III

(Photos prises sans flash, cliquez pour agrandir)

Mon avis sur le terrain

C'est mon boitier préféré à ce jour et il est bien difficile de l'oublier ! Il est lourd autour du cou et une journée de randonnée nécessite des accessoires de portage bien adaptés. Gardez aussi à l'esprit qu'un boitier Full-Frame nécessite des objectifs plus gros que les boitiers APS-C, donc le passage vers le 5DIII s'est accompagné d'un fort engraissement de mon sac photo. Et pourtant, aucun regret. C'est dire si faire des photos avec un tel appareil est un plaisir. Et que dire du plaisir de découvrir le résultat !  Il y a tellement de possibilités de réglages qu'il s'adaptera forcément à vos habitudes de photographe.
Personnellement, je suis toujours en mode manuel (le mode automatique ne me sert que lorsque je le prête à d'autres). Je règle tout en manuel : Iso, Vitesse et Ouverture. Une échelle d'exposition permet d'ajuster les réglages pour assurer une bonne photo. On prend vite l'habitude de manipuler le paramètres. La versatilité des réglages m'a permis d'assigner la molette du dessus à la vitesse et la molette de derrière à l'ouverture. J'ai pu également inverser le sens de rotation de façon à tourner dans le sens de déplacement du curseur d'exposition dans le viseur. Cela m'a permis une bonne ergonomie du mode manuel et je ne perds que peu de temps au moment de régler les paramètres avant déclenchement. Peu de boitier permettent une telle personnalisation et revenir sur les autres vous montre vite à quel point le 5DIII sait se rendre indispensable...
Bien entendu, utiliser un tel équipement pour faire des JPG en automatique relève de la gageure ! Je shoote en Raw plein format et développe l'ensemble avec un logiciel me permettant les ajustements de la photo finale. Pour autant, je n'utilise certainement pas toutes les capacités de l'engin, mais qui le fait vraiment ?

Ma conclusion

Il a été dans mon sac pendant pas mal de temps, jusqu'à ce que je trouve une bonne occasion pour un 5D Mark IV (test à lire ici). Ceci étant, le prix du 5D IV restant très largement supérieur au 5D III, celui-ci représente toujours un sacré bon rapport qualité/prix. L'investissement que représente un 5D III est important et je ne peux que conseiller de préférer la recherche d'une bonne occasion. On en trouve, attention toutefois à l'utilisation vidéo faite avec. Elle ne se mesure pas. Certains boitier pourront ne compter que quelques dizaines de milliers de photos, mais si il y a des heures et des heures de vidéos prises avec, le capteur aura une usure plus prononcée.  Sachez que cet appareil peut dépasser les 150 000 photos sans trop de soucis.

 

Une dernière remarque, je trouve que le boitier a tendance à perdre très facilement sa couleur noire sur les angles du dessous. Prenant grand soin de mon matériel, je n'ai jamais eu ce soucis avec les autres boitiers que j'ai pu trainer dans mon sac. Cette couleur noire s'en va donc aisément juste par le fait de rentrer ou de sortir l'appareil de mon sac photo. Ce n'est pas gênant en soi, mais si vous trouvez un modèle d'occasion avec ce défaut visuel, ce n'est pas forcément la preuve d'un appareil au passé chahuté.

 

 

Un dernier conseil, si comme moi vous passez à ce boitier, pour vous faciliter la prise en main, je vous conseille fortement la lecture du livre Maitrisez le Canon Eos 5D Mark III de Vincent Luc et Pascale Brites. C'est agréable à lire et bourré de petites astuces provenant d'un photographe de terrain.


Quelques photos prises avec le Canon EOS 5D Mark III

Vous retrouvez un test très très complet ici :

 

Le Canon EOS 5D Mark III :

 

testé sur Focus Numérique

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Commentaires: 2
  • #1

    JC ROMERA (lundi, 25 janvier 2021)

    Bonjour

    Je viens d'acquérir ce boîtier.
    Avec un petit 50 mm pour commencer.

    Que préconises tu comme objectifs indispensables ?

    Merci d'avance

  • #2

    Beanico (lundi, 25 janvier 2021 22:59)

    Bonjour,
    Il est difficile de donner des conseils sans connaitre le budget à consacrer ni les habitudes de photographie. Toutefois, je donnerais quelques idées dans cet ordre :
    - 1er cas : si on souhaite faire du portrait, le 50mm est un premier pas qu'il convient de compléter avec un 135mm f/2 usm, puis il faudra aller vers un grand angle, mon préféré étant le Tamron 17-35 (dernier modèle). Ensuite, il faut aller vers un objo macro ou un téléobjectif d'au moins 200mm, puis il sera temps d'aller éventuellement vers un 50 f/1.4 Art ou un 35f/1.4 pour remplacer le petit 50mm
    - 2ème cas : photographie paysage et plus reportage, dans ce cas, on garde aussi le 50mm (qu'on changera par la suite). Je prends ensuite un Canon 70-200 f/4 IS (première version pour le rapport qualité prix) et je reviens au Tamron 17-35 et je finis par un macro aux alentour de 100mm.
    - 3ème cas : l'animalier... là encore on garde le 50 pour commencer, puis on va vers un 100-400mm (le Sigma C est un super rapport qualité prix : poids), on choisit là encore le Tamron 17-35 et on finit par le Macro pour les insectes !

    Toutes ses propositions sont dans le cadre d'un achat à budget maitrisé et bien entendu, en fonction de la pratique, cela peut se combiner. Pour une utilisationa très polyvalente avec peu de changements d'optiques, il faut allors se rabattre sur un 24-105, mais je pense toujours qu'il faut éviter le Canon première génération que je trouve fade et qui pour moi bride les possibilités du 5DIII.

    En espérant vous avoir un peu aider, bonnes photos et n'hésitez pas à nous faire part de votre expérience sur mes pages Facebook...

    Beanico